Laboratoire

Risque de contamination croisée par les flacons de méthanol

mai. 29 2019

Les flacons de méthanol sont utilisés à l'échelle nationale comme agent de conservation pour les échantillons de sol en vue de la détection des composés organiques volatils (COV), conformément aux directives et règlements provinciaux et fédéraux.

Ces flacons offrent plus d’avantages que les contenants de verre utilisés auparavant pour l’échantillonnage, y compris des délais de conservation plus long, une meilleure stabilité des COV ciblés et une extraction plus efficace. Toutefois, le méthanol est extrêmement volatil et présente un risque de contamination pour les autres échantillons pendant le transport.

Doit-on s’en préoccuper ?

Le risque de contamination est présent seulement si vous désirez procéder à l’analyse du méthanol. Sauf dans le cas de l’Alberta (catégorie 1) et de la Colombie-Britannique (annexe 3.1 de la CSR), le méthanol n’est pas réglementé dans aucune autre région. Ça ne devrait donc pas être un problème pour les échantillons provenant des autres provinces et territoires. Seuls ceux provenant de ces deux provinces peuvent poser problème ou si vous désirez procéder à l’analyse du méthanol.

Méthodologie et observations

Le laboratoire de Bureau Veritas à Calgary a procédé à l’étude suivante :

  • Deux glacières contenant des échantillons ont été stockées dans deux entrepôts frigorifiques différents.
  • Un flacon de méthanol utilisé lors du prélèvement d’échantillons de sol avec conservation sur le terrain a été mis dans chacune.
  • Chaque glacière contenait aussi huit pots de sol de 100 mL bien fermés avec chacun 20 mL d’eau exempte de matière organique.
  • Quatre d’entre eux ont été mis individuellement dans des sacs de plastique refermables.
  • Dans une des glacières, le flacon de méthanol était légèrement ouvert. Cette glacière a été identifiée comme « compromise » et l’autre comme « non compromise ».
  • En plus d’une analyse initiale de l’eau utilisée pour l’étude, tous les échantillons ont été analysés après 1, 2, 4 et 7 jours d’entreposage entre 2 et 6 °C.

Le but de ces deux scénarios était de simuler l’envoi standard d’échantillons et l’envoi d’une glacière avec une faible contamination au méthanol. Cette contamination était contrôlée en ayant simplement dévissé un peu le flacon de méthanol. L’étude ne consistait pas à montrer la pire situation, mais bien d’illustrer des cas fréquents où le flacon de méthanol n’est pas bien fermé, car le filetage ou le joint d’étanchéité est sale. Les pots de sols étaient tous fermés hermétiquement.

Les deux graphiques suivants montrent la concentration moyenne de méthanol détectée dans chacun des lots de quatre pots (figure 1). Ils contiennent le même ensemble de données, mais les concentrations de méthanol (axe Y) ont été relevées autant sur une échelle linéaire que logarithmique.

En présentant les données sur deux échelles, cela permet de voir à quel point les plages de concentrations observées dans les pots de chaque lot sont vraiment différentes. Tel qu’on s’y attendait, les échantillons qui se trouvaient dans les sacs refermables et mis dans la glacière avec le flacon de méthanol bien fermé étaient les moins contaminés, tandis que ceux qui n’étaient pas dans des sacs et dans la glacière avec le flacon de méthanol mal fermé étaient les plus contaminés. Toutefois, nous ne nous attendions pas à déceler une contamination dans les échantillons fermés et dans les sacs qui se trouvaient dans la glacière « compromise ». Le plus inquiétant fut la détection de méthanol dans la glacière « non compromise », même si le flacon était bien fermé et que les échantillons étaient dans un sac.

Figure 1. Représentation linéaire et logarithmique des données relatives à la contamination croisée par le méthanol

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Représentation linéaire de donnée relative à la contamination croisée par le méthanol
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Représentation logarithmique de donnée relative à la contamination croisée par le méthanol


Conclusions et recommandations

Bien que la concentration de méthanol détectée dans chacun des échantillons d’eau ne puisse pas être adaptée pour indiquer un niveau de contamination précis pour un sol, elle montre clairement les risques d’expositions. Ces données montrent également que le seul moyen d’éviter une contamination croisée par le méthanol entre les flacons « conservés sur le terrain » et les pots de sol serait de les envoyer dans des glacières séparées. D’autres mesures plus exhaustives peuvent être prises et évaluées par l’application de projet de CQ propre à chaque situation. Il peut s’agir de l’utilisation plus fréquente de contenants étanches aux vapeurs pour isoler les flacons des autres contenants dans la glacière.

À la lumière des résultats de cette étude, les Laboratoires Bureau Veritas recommandent d’appliquer les procédures suivantes à tous les projets où le méthanol fait, ou pourrait faire partie des paramètres à analyser.

  • Assurez-vous de le mentionner clairement à votre représentant ou représentante de Bureau Veritas que vous voulez procéder à l’analyse du méthanol. Mettez les flacons conservés sur le terrain dans une autre glacière que celle contenant les flacons d’eau et les pots de sol destinés à l’analyse des COV.
  • Évitez la contamination croisée sur le terrain en gardant les flacons de sol loin des autres contenants en tout temps. Changez vos gants après avoir manipulé les flacons. Pensez à remplir les pots destinés à l’analyse du méthanol avant les flacons.
  • Songez à inclure un blanc de transport ou un blanc d’équipement pour surveiller l’exposition au méthanol pendant le transport et le prélèvement, respectivement. Pour ce faire, des pots de sol contenant 20 mL d’eau exempte de matière organique peuvent être préparés par le laboratoire (blanc de transport) ou sur le terrain (blanc d’équipement). Ils seront ensuite analysés (comme de l’eau) à leur retour au laboratoire. Assurez-vous de bien les identifier sur la CDR.

Le message le plus important à retenir est de mentionner clairement vos objectifs à votre représentant ou représentante Bureau Veritas et votre personnel sur le terrain pour vous assurer que tout le monde est conscient des risques.